Née en Aveyron en 1960, Christine Barrès se passionne pour l'art depuis son plus jeune âge et c'est tout naturellement que de sa passion est né son métier. Depuis plus de trente ans, elle peint au couteau de grands aplats de couleurs sur de grands formats. Peu importe le thème, tout est prétexte à la couleur.
De ses expositions dans de grandes métropoles telles que New York, Shanghai ou Abu Dhabi, elle en a retenu le trait énergique de la verticalité, et n'a eu de cesse de peindre le monde urbain, d'un point de vue enchanteur. Aujourd'hui, elle se tourne vers le portrait avec la même fougue qui la caractérise.
Elle a pour essentiel la couleur le rythme et la matière. Son travail nait de la spontanéité, ses toiles nous offrent un déferlement de couleurs, l'impression est forte, et en émanent une magique harmonie et une grande vigueur.

Quand on rencontre, quand on discute avec Christine Barrès et qu'elle se livre sur sa routine, ses journées on croirait entendre Sébastien Bras . Tous deux sont mus par le même amour de la nature qui est source d'inspiration et d'oxygénation « je puise ma force dans ma terre ». C'est une fille de paysan qui vit, travaille et mourra en Aveyron. Pas un matin sans qu'elle ne promène son chien dans la forêt, qu'elle cueille des carottes sauvages, qu'elle emmagasine les couleurs chatoyantes qui l'entourent pour les rapporter dans son atelier. Elle se décrit comme une personne « optimiste donc coloriste » c'est tout à fait logique I « Je vois la vie en couleurs » poursuit-elle. En couleurs chaudes plus précisément, jaunes, ocres, rouges, fuchsias sont ses couleurs de prédilections même si le bleu fait depuis peu son apparition dans ses tableaux ainsi que le vert qu'elle pense avoir en quelque sorte rapporté d'un long voyage en Asie où elle a été émue, imprégnée par la verdure environnante. En effet, même si « rien ne « l’inspire que quotidien », elle puise dans ce qui l'entoure, l'Aveyron donc mais aussi les nombreux voyages qu'elle a fait. New York l'a subjuguée, s'en est suivi une extériorisation où pendant six mois elle a peint des grattes ciels. On peut aussi convoquer l'art sénégalais et ses figures filiformes que l'on retrouve dans certaines de ses séries.
Peindre comme on respire.

C'est une grande voyageuse qui part et découvre le monde pour revenir se recentrer et respirer dans le seul endroit où c'est possible, où ça a du sens :« la création c'est soulever les montagnes de l'Aveyron ». Si Christine Barrès peint comme elle respire, elle travaille aussi comme on cuisine. Elle ne peint qu'à l'huile (comme on cuisine en Crête) ce qui lui permet, chaque matin, de retour de sa promenade, de commencer son travail d'alchimiste. Elle mélange, associe, combine, agrège, marie, unie et allie les pigments pour créer ses propres couleurs avec le dessein de « voir les couleurs en vrai, comme dans la nature ». C'est une fantaisiste perfectionniste qui, à l'instar d'un grand chef qui ne sert pas une viande parfaitement cuite, ne montre jamais quelque chose de non abouti. On peut être déluré autant que structuré, comme une salade d'herbes folles. La malice se cache dans les détails, dans un coup de pinceau ou dans un coup de fourchette. Même si « on est au milieu de nulle part » on est entouré. Ainsi, tout chez elle est histoire d'échanges, de rencontres positives et de générosité. En Aveyron on croise décidément les parangons de l'hédonisme. « Vivre de sa passion c'est extraordinaire », la partager c'est essentiel.

Depuis plus de trente ans, Christine Barrès peint, en autodidacte. Si elle a d'abord pensé problématique de ne pas avoir une base académique, elle réalise aujourd'hui que ça lui a permis de ne pas s'enfermer dans un carcan. D'ailleurs si elle a longtemps privilégié les toiles carrées, aujourd'hui elle ne refuse pas les supports rectangles dans lesquels elle dessine ses visages. Elle peint ce qu'elle est et ne peut pas tricher, elle ne s'impose aucune règle sauf celle de la spontanéité. Et cette fraîcheur identique à celle de la rosée le matin dans les sous-bois transpose quelque chose de l'ordre d'une grande honnêteté et d'une sincère humilité dans ce qu'elle fait. Elle donne ce qu'elle est. Et se raconte dans sa peinture depuis de nombreuses années. Chaque pallier de sa vie marque un mouvement dans son art. Avant de s'installer à temps plein dans le corps de ferme dans lequel elle vit aujourd'hui sa peinture n'était qu'abstraite. Une fois revenue à la terre la gourmandise, une certaine forme d'épicurisme s'est dessinée. Ce sont les séries de pots de confitures, « que des grosses choses, de gros fruits, certainement parce que je suis gourmande».

Bien qu'elle donne maintenant à voir un art figuratif, il n'est pas formaliste et laisse à l'esprit et à l'œil sa part d'interprétation. Quand on l'interroge sur ses portraits, ceux qu'ils représentent si ce sont des enfants ou pas, espiègle elle répond que « ce sont les enfants que vous êtes restés ».

Véronique Bras au sujet de Christine Barres :
« C'est une artiste dont je connaissais et appréciais déjà le travail avant de la rencontrer » confie Véronique Bras à propos de l'artiste peintre. C'est grâce à Jérôme Rose, propriétaire de la Galerie Le Taureau de Laguiole que Madame Bras visite l'atelier de Christine Barrès. Là-bas c'est une évidence, son amour de la nature et de l'Aveyron est une totale cohérence avec la philosophie du Suquet. C'est aussi une rencontre, car Véronique avoue être incapable de mettre en avant des artistes qu'elle n'apprécie pas humainement, « il faut une connexion, une conviction ». Lorsque les clients prennent en photo les tableaux de la plasticienne, la maîtresse de maison se galvanise d'être le relais de l'art, de l'artiste. Et ce d'autant plus qu'elle considère leurs deux univers complémentaires avec ses séries de pots de confiture Christine et la Famille Bras racontent une même histoire, et ces peintures «apportent la couleur, la gourmandise, la touche d'éclat sur les murs du Suquet ».
Entre ces deux femmes, on peut remercier un homme pour le lien qu'il a dessiné. ll doit être taureau !

Article « Gourmets de France » - N'20 • Juin 2016

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